07 / 2009
FICHE PROJET
CONTEXTE
Dans les années 60, l’architecte Walter Segal développe une nouvelle approche pour permettre aux personnes sans qualifications de construire leur propre logement. Il propose une méthode de construction en bois destinée aux personnes en recherche de logement et sans qualification en matière de bâtiment.
La première expérience fut initiée en 1978 à Londres (Lewisham) sur les terrains d’une municipalité londonienne pour des familles à bas revenus, ensuite d’autres ont suivi comme celui de Zenzele (ce qui signifie l’abri en Swahili) à Bristol (sud ouest de l’Angleterre).
Ce genre de méthode s’adapte à divers publics (récemment, des maisons ont été autoconstruites par et pour des personnes handicapées physiques).
Des agences pour promouvoir l’autoconstruction ont été fondées, comme, par exemple : Walter Segal self build trust (1987) ; Community self build agency (1989); Young builders trust (1994).
Un manuel pratique détaillé pour les candidat à l’autoconstruction a été publié en 1974 par la National Federation of Housing Associations (organisations sans buts lucratifs indépendantes dont le but est de fournir des logements sociaux aux personnes dans le besoin).
De nombreuses Housing association ont promu l’autoconstruction, notamment en apportant un financement. La Housing corporation a créé une organisation indépendante, en 1989, la Community self build agency pour promouvoir et conseiller sur l’autoconstruction.
Les autorités locales et les autorités « plannificatrices » n’ont pas toujours accepté l’emploi de ce genre de technique. Mais avec l’augmentation des expériences positives, il est devenu plus facile d’obtenir l’approbation pour un nouveau projet. 60 des 600 autorités locales soutiennent l’autoconstruction. Certaines petites localités n’ont ni les terrains, ni les ressources pour la soutenir.
De tels concepts ont aussi été développés dans d’autres pays, comme, par exemple au Canada ou encore en Suède où la ville de Stockolm avait un département d’autoconstruction actif depuis 1920.
HISTORIQUE DU PROJET
Durant l’été 1991, The Community Self Build Agency (CSBA) a proposé à une Housing Association locale, la Paddington Churches (PCHA) de développer un projet d’autoconstruction incorporant une formation.
Un architecte qui avait une expérience dans le domaine de l’autoconstruction fut engagé et un groupe de coordination du projet fut mis en place.
Peu après, la PCHA demanda avec succès un financement à la Housing Corporation.
Des discussions furent initiées avec les autorités communales de la planification.
Une collaboration avec un organisme de formation fut conclue car il offrait la possibilité d’obtenir un diplôme (National Vocational Qualification - NVQ) dans certains métiers du bâtiment. Un entrepreneur fut choisi et un chef de projet recruté.
Un terrain dans la commune de Brent fut choisi.
Des jeunes gens de 16-25 ans sans emplois et en besoin de logements furent approchés et une première réunion eut lieu en août 1992. L’objectif était de recruter des autoconstructeurs reflétant la composition sociale et culturelle de l’endroit. Des femmes et des personnes des minorités ethniques étaient recherchés.
Un projet achevé fut visité à Brighton.
PCHA approuva le principe que les loyers devaient être plus bas (diminution de 20%) que les loyers normaux en reconnaissance du travail réalisé.
En mars 1993 le projet de départ dû être modifié car, selon les autorités planificatrices, il nétait pas conforme au Plan de Développement. De plus, quelques habitants s’opposèrent à l’installation de jeunes sans-abri dans leur quartier. Finalement un accord fut conclu pour un bâtiment de 3 étages à ossature bois avec 12 appartements.
Les autoconstructeurs choisirent leur nom : Sound Image.
En septembre 1993, la formation débuta et les travaux commencèrent en novembre.
OBJECTIFS DU PROJET
Principal :
Fournir un logement à de jeunes gens sans-abri, combiné à une formation.
Autres :
être reconnu (notamment via la participation) de certains groupes (minorités ethniques, femmes, …) et briser les barrières de sexe, culture, classe et autres ;
acquérir une habilité, une expérience en construction et une confiance en soi (ce qui a une incidence sur d’autres aspects comme la recherche d’un travail par exemple) ;
créer un avenir différent pour des gens avec des projets mais sans moyens ;
apprendre à travailler en groupe.
Ce projet démontre, qu’avec une bonne méthode, des jeunes gens (ici sans abri et sans emplois) peuvent être motivés et faire plus pour eux-mêmes et que l’autoconstruction peut être développée et finalisée en un très court temps.
POPULATION CONCERNEE
2 femmes dont une d’origine africaine et 10 hommes dont 4 d’origine africaine et deux d’origine irlandaise.
MONTAGE FINANCIER
Housing Corporation pour la construction.
North West London Training & Entreprise Council pour la formation.
PARTENAIRES DU PROJET
Un certain nombre de partenaires furent invités à participer afin de donner toutes les chances de succès au projet :
The Community Self Build Agency (CSBA)
Paddington Churches Housing Association (PCHA)
Project manager Kenneth Claxton
Jex construction (entrepreneur)
Kilburn Skills (formation en plomberie, peinture, charpenterie,…)
Llewellyn Homes Ltd (entreprise de construction bois)
Chambers Goodwin Associates (architecte)
North West London Training & Enterprise Council (financement d’un formateur)
Housing Corporation (financement)
DEROULEMENT DU PROJET
Les travaux débutèrent en novembre 1993.
Les autoconstructeurs devaient être présents tous les jours de la semaine dont un jour dans le centre de formation et les autres sur le chantier.
Il y avait 3 personnes responsables sur le chantier qui avaient des relations assez proches avec les autoconstructeurs :
1. le Team Worker dont le rôle était de garder la motivation, de faire attention à ce que les autoconstructeurs viennent aider et encourager à résoudre les problèmes. Elle assurait aussi le lien entre les « autorités » et les autoconstructeurs. Elle obtint, notamment : une diminution de loyer de la part de PCHA ; que chaque logement dispose d’une machine à laver, d’un frigo et d’un four et que les autoconstructeurs reçoivent un bon déjeuner ;
2. le Training Coordinator était responsable d’assurer le lien entre la formation et le travail sur le site ;
3. le Site Supervisor devait s’assurer que chacun soit présent et par après participa à la formation sur le site en montrant ce qui devait être fait dans certains cas.
Des sous-traitants furent impliqués pour effectuer des travaux que les autoconstructeurs n’étaient pas censés faire.
Les autoconstructeurs rentrèrent dans leur logement en octobre 1994
3 mois après, seuls 3 autoconstructeurs avaient trouvé du travail. Mais deux ans après, 5 personnes travaillaient et 6 avaient repris d’autres formations.
C’est le premier projet d’autoconstruction, avec de jeunes personnes sans logements et sans travail, achevé à Londres.
Fiche reproductibilité
ELEMENTS SPECIFIQUES A REPRODUIRE
Création d’un partenariat pour permettre à des jeunes sans emplois et sans abris de répondre à leur problème de logement via l’autoconstruction de leur habitat.
EXEMPLES EN REGION WALLONNE – Belgique
L’autoconstruction n’est pas une pratique nouvelle. En zone rurale, on la pratique depuis toujours. Les exemples de maisons privées autoconstruites ne manquent pas et que ce soit en briques, en bois cordé (par exemple l’Ermitage des moines franciscains à Fexhe-le-Haut-Clocher a été réalisé en autoconstruction ), en bois, …
Des sociétés promeuvent l’autoconstruction. Par exemple, depuis une dizaine d’année, la société Biospeedhome offre la possibilité de participer au montage de sa maison en bois. Il faut 5 semaines pour construire en atelier le kit des différentes parties et trois jours de montage (12 personnes pour monter une maison de 150 à 200m² habitables).
A Louvain-la-Neuve, dans le quartier de la Baraque on trouve quelques exemples d’habitats autoconstruits « non standards ». Et notamment :
des bulles géodésiques : double structure sphérique décomposée en triangles par des tubes métalliques, protégée des intempéries par une bâche et isolée intérieurement par de la frigolite recouverte de plâtre. L’espace intérieur hémisphérique est percé de fenêtres triangulaires ;
des serres : anciennes serres à raisin récupérées, démontées et remontées sur le site. Elles ont été réaménagées et adaptées en habitat avec des tôles ondulées, des ardoises, du bois, … ;
on peut aussi y trouver des maisons en bois, des maisons en terre-paille, en brique de terre,…
Brugelette, dans le Hainaut, accueille un projet pilote en matière de relogement de résidents permanents de campings. La société d’habitations sociales Habitat du pays vert et Solidarités Nouvelles, en accord avec la Société wallonne du logement et le Gouvernement wallon, ont développé une alternative entre le logement social -dont beaucoup de résidents ne veulent pas- et le camping, qui est perçu comme socialement défavorable. Une 10aine de résidents permanents de campings seront associés à la conception de logements sociaux. Ces logements en habitat groupé, seront dans un milieu rural et un environnement ouvert. Dans un premier temps les logements seront loués. Après un certain temps, une possibilité de location achat sera envisagée.
Quelques sources d’informations sont disponibles. Par exemple :
sur le site livios on peut trouver une initiation sommaire, mais complète au processus de construction (informations sur les formalités financières dont entre autres les diverses primes existantes et administratives, les avantages et inconvénients des différents modes de construction, les matériaux, l’architecte, la construction en bois et autres techniques alternatives, …) ;
le site houseonline propose une base de données pour « celui qui envisage de construire, transformer, rénover, ou aménager sa maison » (informations juridiques, conseils, matériaux, , les techniques, …
ELEMENTS DE REPRODUCTIBILITE
L’autoconstruction apparaît comme une des formes les plus abouties de la prise en main par l’habitant de la production, et plus généralement, de la destinée de son habitat. Elle a deux causes principales : la pénurie de logement et la situation économique du groupe ou de la personne .
Elle est un moyen efficace de lutte contre l’exclusion, de plus cela permet de personnaliser son logement, de choisir les matériaux, d’installer les systèmes d’énergie souhaités, de faire certaines économies au niveau de la main d’Ĺ“uvre, …
Pour Habitat Convivial : « l’autoconstruction doit être un moyen pour le citoyen de retrouver la maîtrise de l’accès à une authentique forme d’habitat en y incluant dès le départ sa propre symbolique, sa personnalité et son esprit créatif en toute indépendance, en favorisant les actions d’entraide et de coopération et en suscitant une relation nouvelle de l’habitant avec son environnement : voisins, quartiers, cités, etc. Elle favorise une citoyenneté participative et responsable».
L’autoconstruction doit faire face à quelques obstacles (par exemple : accès à la propriété, matériaux provenant d’ailleurs, législation, …).
En matière d’urbanisme, le parcours est balisé. Pour toute construction il faut entre autres :
des certificats d’urbanisme (qui donnent le statut urbanistique du terrain et la nature des travaux) ;
un permis d’urbanisme qui parfois demande la tenue d’une enquête publique.
On ne peut pas construire n’importe où et n’importe quoi. Il faut respecter certaines règles. Et notamment :
les 23 Plans de secteur qui couvrent l’ensemble du territoire de la Région, qui, avec force réglementaire, déterminent la destination des différentes zones urbanisables ou non (certaines zones sont réservées à l’habitat) ;
les plans communaux d’aménagement, qui donnent des précisions quant à l’aménagement des lieux) ;
les plans de lotissement, dans certains cas ;
des règles comme le Règlement général sur les bâtisses en site rural (RGBSR) qui concernent quelques 70 villages et détermine la hauteur, la forme, l’aspect de la façade,… ;
…
Il faut faire appel à de nombreux corps de métier, comme, par exemple, un notaire, un géomètre, un architecte, un entrepreneur, …
Dans l’état actuel de la législation en matière de chômage il n’est pas possible pour un chômeur ni de construire sa maison, ni d’aider d’autres personnes à construire leur habitation. C’est une activité incompatible avec le statut puisqu’il serait alors indisponible pour le marché de l’emploi. De plus il y aurait concurrence avec les entreprises. La situation est différente s’il s’agit de modifications dans sa propre maison (gestion normale de ses biens).
Et pourtant l’autoconstruction est un outil à utiliser dans la lutte contre l’exclusion sociale. Quelques avancées au niveau des associations et du secteur public pourraient aider à améliorer la situation :
l’expérience d’intégration de clauses sociales dans des marchés publics ;
les commentaires des articles 198 et 199 du Code du logement font état de « l’octroi de subventions à des asbl développant des nouvelles techniques de construction de logements » ;
les expériences d’autoconstruction en Amérique latine (par exemple les mutiroes au Brésil) nourrissent aussi des projets wallons. Par exemple des personnes mal logées de Charleroi se sont rendues au Brésil pour échanger leurs expériences, notamment, en matière d’habitat avec des paysans sans terre. Les initiatives de mutiroes se rapprochent par bien des points de celles développées par l’expérience de Sans Abris Castor, qui permet à des personnes mal logées de rénover leurs futurs logements .
fight against exclusion, professional integration, young person, training, cost of housing
, United Kingdom, Londres
QUELQUES REFERENCES ET ADRESSES UTILES
ROYAUME UNI
Sur l’expérience
« We’re all in it together ». young people and their partners from the Sound Image self-build project share their experience of building 12 flats, PCHA, Londres, 1997
Sur l’autoconstruction
Noël Cannat, Bristol, l’autoconstruction, c’est l’avenir pour les jeunes immigrés sans emploi, dans DPH, 150 fiches pour des dynamiques et des idées en matière de politique du logement en milieu urbain, FPH, France, 1994, p.29 – dph , fiche DPH : DPH.V200
Pour une intégration globale par le logement et l’emploi, Igloo – projet pilote art.6 du FSE, Belgique, 1999
Sur l’autoconstruction en général
Habitat convivial, asbl (objet : promouvoir un habitat de qualité dans un monde sans exclus grâce à l’autoconstruction) – rue Duysburgh, 32 bis – 1090 Bruxelles – Tél. : 02.478.34.50 – e-mail : Habitat convivial
Sur l’autoconstruction de maisons en bois
Société Biospeedhome – ZI de Vaux-Chavanne – 6960 Manhay – Tél. : 086.45.51.24 – e-mail : biospeedhome
Divers
Commission de conciliation (Test-Achat - traitement souple des contentieux en matière de construction et de rénovation) – Espace Jacquemotte – rue Haute 139 – 1000 Bruxelles
Le site d’Ecotopie « dédié aux réalisations écologiques exemplaires harmonisant les relations de l’homme avec son environnement naturel, social et culturel »
Le site Habiter autrement et le livre Et si nous habitions autrement ?, éd.Feuilles Familiales, Malonne, 2001
Publications
Ritimo, Vivre en ville des stratégies pour les plus pauvres, DPH Passerelles, nr6, août 1994
Claude Micmacker, Manuel de la construction rurale et alternative, éd.Surienne, France, 1977
Le mémento du castor. Comment construire, Confédération nationale des Castors, France, 1985
Groupe SCIC, Bâtir avec l’environnement. Maîtrise d’ouvrage et habitat collectif, Ministère du logement, France, sd
Frédéric Seutin, Recueil juridique et pratique pour construire sans problème, Je vais construire. J’améliore ma maison
Revues belges :
Architrave, revue de la maison des architectes, Verviers
Je vais construire. J’améliore ma maison, Lasne
Tu bâtis je rénove, Bruxelles
Interview
AUTEURS DE LA FICHE
Anna Mc Gettigan et Michèlle Christophe - The community self build agency (Londres)
AUTEUR MORAL
The community self build agency
40 Bowling Green Lane
London EC1R0NE
United Kingdom
Tél. : 00.41.20.74157092
Fax : 00.41.20.74157142
Habitat et Participation - Place des peintres 1/004, 1348 Louvain-La-Neuve, BELGIQUE - Tél. (32) 10 45 06 04 - Fax (32) 10 45 65 64 - Belgium - www.habitat-participation.be - hep (@) tvcablenet.be