2008
Les expériences de production de matière première pour l’agroénergie par de petits agriculteurs ont démontré le risque de dépendance aux grandes entreprises agricoles, qui contrôlent les prix, le processus et la distribution de la production. Les paysans sont utilisés pour donner de la légitimité à l’agrobusiness, par le biais de la distribution de certificats de « combustible social ».
Ce modèle a des impacts négatifs sur les communautés paysannes, riveraines, indigènes et quilombolas (1), qui voient leurs territoires menacés par la constante expansion du capital. De plus, l’absence d’une politique de soutien à la production des denrées alimentaires peut conduire les paysans à remplacer leurs cultures par les agrocombustibles et, ainsi, compromettre la souveraineté alimentaire. Au Brésil, par exemple, les petits et moyens agriculteurs garantissent 70 % de la production des aliments pour le marché intérieur.
Des chercheurs de l’Université du Minnesota, nous informent que, pour remplir un réservoir, il faut utiliser la même quantité de graines qui pourrait nourrir une personne durant un an.
Francisca Rodriguez, dirigeante de Via Campesina, dénonce que « les grands latifundia vont contrôler la terre pour alimenter les moteurs et non les personnes ». Elle ajoute également que « face aux défis, nous devons défendre notre engagement envers la terre, en démasquant ces projets et en encourageant une discussion profonde sur l’actuel modèle de consommation et de production d’énergie. Nous voulons éviter la destruction de nos terres, car nous savons ce que signifie la monoculture intensive dans l’ensemble de nos pays ».
Propositions pour la défense de la réforme agraire et de la souveraineté alimentaire
Sur l’ensemble du continent, des organisations sociales multiplient les accusations concernant les effets destructeurs du modèle agricole basé sur la monoculture de la terre et le revenu, destructeur de l’environnement, responsable des conditions d’esclavage dans le travail et de la surexploitation de la main d’Ĺ“uvre. Le modèle agricole actuel ne peut être renversé que par une réforme agraire importante, qui élimine le latifundium.
Il faut consolider les organisations des travailleurs ruraux, des salariés et des paysans pour construire un nouveau modèle fondé sur une agriculture paysanne et sur l’agroécologie, avec une production diversifiée, donnant la priorité à la consommation nationale. Il faut garantir des politiques de soutien pour la production d’aliments provenant de l’agriculture paysanne. Le principal objectif doit être celui de garantir la souveraineté alimentaire, car l’expansion de la production d’agrocombustibles aggrave la situation de faim dans le monde. Nous ne pouvons pas avoir des réservoirs pleins et des ventres creux.
Le Droit à l’alimentation
La principale norme internationale sur le droit à l’alimentation est établie à l’article 11 du Pacte international relatifs aux droits économiques, sociaux et culturels. Conformément à cette réglementation, la faim doit être éradiquée est les peuples doivent avoir un accès permanent à une alimentation adéquate, qualitativement et quantitativement, en garantissant une santé physique et mentale des individus et des communautés, ainsi qu’une vie convenable.
Conformément au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, les états ont l’obligation de « respecter, protéger et garantir » le droit à l’alimentation. Respecter ce droit signifie que les états ne peuvent entraver ou empêcher l’accès de la population à une alimentation adéquate, en chassant par exemple les travailleurs ruraux de leurs terres, tout particulièrement ceux qui dépendant de l’agriculture pour vivre. Le Pacte interdit également que les états utilisent des substances toxiques pour produire des denrées alimentaires.
De plus, le Pacte établit les principes de non régression et de non discrimination, par rapport à l’adoption de lois garantissant l’accès à l’alimentation. Cela signifie que les gouvernements ne doivent pas approuver de lois qui empêchent l’organisation sociale en faveur de ce droit. Au contraire, les gouvernements doivent faciliter l’organisation de la société par l’accès à la terre, au travail et à la protection de l’environnement. Les états doivent garantir le droit universel à l’alimentation en instaurant des actions et des mesures concrètes qui protègent les groupes sociaux vulnérables et qui offrent des moyens nécessaires pour qu’ils puissent se nourrir.
agrofuel, food sovereignty, countryman farming, agriculture and feeding
L’agroénergie : mythes et impacts en Amérique latine
Traduit en français par Elisabeth Teixeira (babethteixeira (at) yahoo.fr)
Les textes de ce dossier sont le résultat du séminaire sur l’expansion de l’industrie de la canne à sucre en Amérique Latine, qui a eu lieu à São Paulo, au Brésil, du 26 au 28 février 2007.
Ce dossier est aussi disponible en anglais, espagnol et portugais.
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