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Inde - Pour une vraie Révolution Verte

2008

Sécurité alimentaire locale

La vraie Révolution Verte aura pour objectif de parvenir à la sécurité alimentaire locale. Quel villageois voudrait dépendre du Kansas ou même du seul Punjab pour obtenir les graines dont il a besoin ?

Il s’agit d’aider les agriculteurs à produire assez pour eux-mêmes et un surplus qui pourra être vendu, cela avec des pratiques culturales adaptées aux divers environnements locaux et aux exploitations. Cette sécurité alimentaire ne peut être assurée par les grandes infrastructures d’irrigation.

Les grands canaux ne vont pas partout, et ils entraînent souvent une salinisation des sols. Les énormes barrages créent sans doute de petites étendues de Révolution Verte pour des types de production qui réclament beaucoup d’eau, qui obéissent aux lois de l’offre et de la demande sans nécessairement répondre aux besoins des populations.

Les grands projets d’irrigation peuvent contribuer à la Sécurité alimentaire nationale (NFS). Pour la sécurité alimentaire locale, il faut passer par la récolte de l’eau de pluie.

Qu’est-ce que la NFS ?

La Sécurité alimentaire nationale (National Food Security) est un objectif que tout pays cherche à atteindre. En Inde, cela passe par la création de zones de production intensive, par le recours à des réseaux d’approvisionnement et de distribution publics pour ceux qui sont trop démunis pour pouvoir faire leurs courses dans les magasins classiques. En théorie, le système peut être utile ; dans la pratique, il ne fait que perpétuer l’assistanat, et la nourriture distribuée se résume à des rations de riz, de blé et de sucre. Les stocks mis de côté ne profitent pas nécessairement aux plus démunis quand il le faut. En 2001, par exemple, 200 millions d’Indiens souffraient de malnutrition alors que dans les entrepôts il y avait un surplus de 51 millions de tonnes.

La NFS n’équipe pas les villages contre la sécheresse, elle ne leur donne pas l’autosuffisance indispensable pour qu’ils soient durablement à l’abri. C’est un décor dispendieux qui empêche de progresser vers une Véritable Révolution Verte.

La pauvreté écologique

Plus de 2,5 milliards de gens dans les pays en développement vivent en milieu rural. Environ 1 milliard d’entre eux sont en dessous du seuil de pauvreté, et 500 millions subsistent dans des écosystèmes dégradés. Cette dégradation de l’environnement est la cause principale de l’insécurité alimentaire et du dénuement dont ils souffrent.

Que ceci soit clair : ce dont souffrent les ruraux des pays en développement, ce n’est pas de pauvreté économique mais de pauvreté écologique.

La pauvreté écologique se traduit par un déséquilibre environnemental, un manque de ressources naturelles productives. L’important pour eux, ce n’est pas le PIB des économistes. Ce qui les affecte c’est le déclin du Produit naturel brut.

La Vraie Révolution Verte consiste à remédier à la pauvreté écologique, à aider les pauvres à s’en sortir par eux-mêmes.

Il faut choisir

Il est évident que la production alimentaire doit pouvoir répondre à la demande, suivre la courbe de la croissance démographique. Malheureusement, la productivité des superficies actuellement sous irrigation ne va guère augmenter.

Le choix est simple :

  • soit accroître les superficies bénéficiaires des grands projets d’irrigation,

  • soit améliorer la productivité des cultures pluviales en mettant en oeuvre diverses méthodes de récolte d’eau de pluie.

Dans le premier cas, cela nécessitera d’énormes quantités d’eau, des investissements colossaux. L’autre façon de faire, très insuffisamment utilisée, devrait déboucher sur une production alimentaire nettement en hausse. La Vraie Révolution Verte passe d’abord par la récolte de l’eau de pluie.

Vérités incontournables

  • S’il y a de l’eau dans les ruisseaux, les rivières, les lacs, les mares, les nappes phréatiques et les robinets, c’est grâce à l’eau de pluie.

  • La Mousson est comme un déluge. Soudain dans des lits asséchés apparaissent des flots bouillonnants ; les plans d’eau se remplissent à ras bord. En Inde, la mousson est brève : 100 heures de pluies en moyenne pour une année. Ce trésor passager, il faut le capter, l’entreposer, en tirer parti tout au long des 8 660 heures qui restent pour faire une année.

  • Pour satisfaire les besoins des villes et des villages, il ne s’agit pas de se précipiter pour barrer un cours d’eau, de pomper dans le sol jusqu’à assèchement, de creuser de longs canaux, de poser des kilomètres de canaux. Piégeons d’abord l’eau du ciel là où elle tombe, avec les moyens spécifiques à chaque région, qui sont le résultat d’expériences collectives millénaires, pouvant encore générer des initiatives innovantes.

La fable du corbeau

Un corbeau avait soif. Devant lui, une cruche au col étroit, et de l’eau au fond. La soif peut être bonne conseillère. De son bec, il fit tomber plein de petits galets dans la cruche, et à chaque fois l’eau montait un petit peu plus. Il finit par pouvoir se servir. Soyons le corbeau de la fable.

Key words

green revolution, food security, water storage, scarcity of natural resources


, India

file

Récolter l’eau de pluie (Notre Terre n°26, déc. 2008)

Notes

Traduction en français : Gildas Le Bihan (CRISLA)

Source

CRISLA, Notre Terre n° 26, décembre 2008. Sélection d’articles de Down To Earth, revue indienne écologiste et scientifique, publiée par CSE à New Delhi.

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