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dialogues, proposals, stories for global citizenship

L’éducation

Ce qu’en disent les religions

Claire BARTHÉLÉMY

12 / 2006

A partir du 9ème siècle, des écoles apparaissent dans le monde musulman qui ont pour but la transmission des enseignements du Coran. L’école des jurisconsultes et des traditionnistes interprète la loi coranique, l’école d’ascétisme et de soufisme combat pour « la piété, la rectitude et l’extase », l’école des philosophes tente de concilier la philosophie et la religion et aborde la question de l’éducation morale, enfin l’école ash‘arite s’intéresse au rapport entre raison et foi. Aujourd’hui en France, Etat laïque, l’enseignement religieux confessionnel existe encore en Alsace-Moselle (culte catholique, calviniste, luthérien et juif). Le thème de l’éducation mis en relation avec les religions offre différentes perspectives intéressantes pour les relations interculturelles.

Un premier point est celui de la démarche éducative de la religion. B. Vergely, qui est l’auteur de la partie christianisme de l’ouvrage sur l’éducation de la collection Ce qu’en disent les religions, estime que celle-ci doit être une démarche de libération et de connaissance, et non de pouvoir, sans quoi les religions conduisent à la violence.

Un deuxième point particulièrement d’actualité est le rapport entre l’éducation religieuse et le déracinement. En effet les nombreuses migrations de population font que différentes cultures se mélangent, et l’affirmation d’une identité culturelle peut passer par la religion et donc par sa transmission. C’est un grand thème de débat pour les musulmans en Europe par exemple, ou encore pour les bouddhistes qui créent en Occident les Dahrma schools, sortes de cours de catéchisme.

Un troisième point abordé est celui de l’enseignement du fait religieux à l’école en France. Pour plus de détails il est possible de consulter le rapport de Régis Debray au ministre de l’éducation nationale de février 2002 sur ce thème. B. Vergely propose plutôt un enseignement d’anthropologie culturelle, afin d’éviter d’avoir à choisir quelles religions font l’objet des cours, afin d’inclure des spiritualités qui ne sont pas des religions, ainsi que l’athéisme par exemple, mais aussi afin d’éviter une approche syncrétique suivant laquelle l’ensemble des religions seraient des manifestations multiples d’un même phénomène de conscience universelle.

Le souci d’éviter le syncrétisme dans le dialogue et les rapports entre les religions revient régulièrement dans les écrits et les discours de croyants. Il y a toujours une peur du relativisme en matière religieuse, c’est-à-dire de l’élaboration de connaissances sur le religieux en tant que phénomène, que données historiques et culturelles, un relativisme dont ces croyants redoutent qu’il soit poussé jusqu’à la négation de la foi.

Mais l’enseignement du fait religieux, quel que soit le nom qu’on lui donne, la connaissance des racines et des comportements religieux dans les différentes cultures, peut être le moyen d’éviter un repli communautaire qui pourrait être la conséquence du relativisme religieux, comme le souligne Bruno Etienne, directeur de l’Observatoire du religieux dans un article sur La France multiconfessionnelle face à l’Europe plurielle : le cas du statut de l’islam, pour la revue Dialogues Politiques. En Alsace, l’enseignement religieux, théoriquement confessionnel, s’oriente souvent vers un enseignement « culturel ». A preuve le témoignage de cet instituteur de Vendenheim, G. Hetzel : « dans ma classe, les cours sont Ĺ“cuméniques. Dans cette école, ce n’est qu’à partir du CE2 que l’enseignement est marqué confessionnellement. Je fais une initiation au fait religieux, pas un éveil à la foi. (…) Cela fait partie de notre patrimoine. J’ai déjà emmené mes élèves dans des lieux de cultes catholiques et protestants. Comment étudier ne serait-ce que leur architecture sans connaissance de la religion ? ».

Plus largement, la question de l’éducation et de la religion en France se pose en matière de présence du religieux dans le système éducatif, qu’il s’agisse d’enseignement confessionnel, d’enseignement culturel, mais aussi de prescriptions alimentaires, de liberté d’expression, ou encore d’établissements d’enseignement privé.

Key words

system of value and education, religion, anthropology

Source

Book

Collectif, sous la direction de Jacques Scheuer. L’éducation. Editions de l’Atelier, 2003. Collection Ce qu’en disent les religions. 174 p.

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