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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Culture et développement

Une lecture du livre de Guy Hermet

Claire BARTHÉLÉMY

12 / 2006

L’ouvrage de Guy Hermet, Culture et Développement, s’intéresse à l’Amérique Latine. Il a été publié avec le soutien de la Banque Interaméricaine de Développement. Quelle est la problématique du développement en Amérique Latine ? La clé de son ouvrage se trouve dans la participation de la population à son développement, comment elle en est souvent écartée et comment elle doit, par une attention à la culture, y être réintroduite.

L’auteur démontre qu’il y a toujours eu une tendance à écarter la population des décisions concernant le développement.

Il analyse les différentes phases idéologiques du développement en Amérique Latine, l’idéologie développementaliste au moment de la guerre froide, les théories historiques ou marxistes de la dépendance, le néo-libéralisme des militaires et des Chicago boys et l’intervention des Etats-Unis, de l’Europe et du FMI lors de la crise monétaire et financière.

Guy Hermet décrit ensuite ce qu’il appelle le mirage de la participation populiste. Pour lui le populisme en Amérique Latine est différent du populisme européen dans la mesure où il se base sur des revendications démocratiques, où il est polymorphe (dans des mouvements, des partis politiques, des syndicats) et compatible avec toutes les idéologies (porté par des dictateurs ou des professionnels de la démocratie électorale) : en cela l’auteur se méfie particulièrement des hommes politiques qui se disent de gauche. La vision de l’auteur est assez noire, le peuple dans les pays latino-américain semble à la lecture de cet ouvrage à la fois passif et facile à séduire et à tromper.

Le bilan de ces régimes (Perón, Vargas,…) est très mauvais sur le plan économique et social. L’auteur souligne notamment l’existence d’un syndicalisme officiel semi-administratif qui fige le mouvement ouvrier, qui manquera par la suite de représentants autonomes. Cela conduit à un désenchantement démocratique.

A la suite de cela, dans le milieu des années 90, le thème de la culture va être réintroduit par les agences de soutien au développement afin que les populations deviennent les acteurs des projets. En 1990 le PNUD lance l’IDH, l’indice de développement humain, pour évaluer le développement au-delà de données macro-économiques (longévité, niveau d’éducation et niveau de vie). Le petit texte présentant le PNUD accolé à leurs communiqués de presse montre d’ailleurs bien cette perspective du rapport entre développement et culture : « Nous sommes présents sur le terrain dans 166 pays, les aidant à identifier leurs propres solutions aux défis nationaux et mondiaux auxquels ils ont confrontés en matière de développement. »

Guy Hermet aborde aussi la question de ce qui est appelé le capital social et constate que l’aide au développement n’est pas efficace dans les Etats où les institutions sont faibles, où règne la corruption. Parfois des ethnies ou des classes sociales plus performantes monopolisent le développement.

Pour lui il faut donc une fois encore, en lien avec la culture, parler de participation comme moyen et but à atteindre, afin que le développement fasse émerger une citoyenneté moderne en Amérique Latine.

Pour rendre possible cette participation, il faut répondre à des attentes ou à des demandes de la population. L’auteur identifie deux types d’attentes : la reconnaissance des valeurs des groupes méprisés et la restauration au sein de ces groupes d’un rapport de confiance réciproque.

C’est là il nous semble que l’ouvrage de Guy Hermet ne tire pas suffisamment de conséquences pratiques de son analyse. Plutôt que de décréter des attentes des populations, sans doute parce qu’il a une grande connaissance du terrain, ne devrait-il pas plutôt militer pour la mise en place de mécanismes permettant de mettre à jour ces attentes, permettant à la population de les exprimer afin ensuite qu’il y soit répondu dans une démarche participative ? Il y a une certaine contradiction à dénoncer la mise à l’écart de la population dans l’histoire politique, économique et sociale récente de l’Amérique Latine, et d’un autre côté à laisser aux agents du développement la détermination des attentes pour lesquelles entamer des actions de développement avec la participation de cette même population, même si cette détermination se fait sur la base d’une attention culturelle forte.

Key words

popular participation, participative democracy, culture and development


, Latin America

Source

Book

HERMET Guy, Culture et développement. Paris, Presses de Sciences-Po, 2000. 182 p.

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