Une mobilisation internationale pour faire reconnaître la responsabilité d’une entreprise
01 / 2008
Gold Peak Industries (Holdings) Limited est une société multinationale asiatique basée à Hong Kong qui fabrique notamment des piles et des batteries pour jouets, ordinateurs portables ou encore appareils photos, qu’elle exporte massivement partout dans le monde, y compris en France.
Avec un chiffre d’affaires de plus de 740 millions d’euros pour cette année, elle est l’une des plus grandes productrices et exportatrices de ce type de produits au monde. Pourtant, cette compagnie florissante est accusée d’avoir violé les règles de sécurité fondamentales du travail et d’avoir négligé la santé de ses travailleurs.
Près de 400 ouvriers chinois, pour la plupart des femmes, ont en effet été pendant plusieurs années exposés à un produit extrêmement toxique, le cadmium, utilisé dans la fabrication des piles et batteries fabriquées par Gold Peak (GP), sans même avoir été informés des risques qu’ils couraient. Ce produit peut provoquer des problèmes de santé allant de simples nausées, étourdissements ou douleurs à, en cas de fortes concentrations, de sérieux dommages rénaux, pulmonaires ou encore osseux, voire des cancers. Qui plus est, le cadmium, une fois absorbé, n’est évacué par le corps qu’en 10 à 30 ans.
Les femmes sont doublement victimes : on leur reproche d’avoir contaminé les enfants qui développent, à cause de l’intoxication, un système immunitaire affaibli. Elles sont par ailleurs souvent rejetées par leurs maris à cause de la contamination.
Historique de la mobilisation
Au début de l’année 2004, les ouvriers intoxiqués ont commencé à réclamer des indemnisations, afin de pourvoir notamment aux frais médicaux liés à leur traitement. Les dirigeants des usines Gold Peak leur propose des indemnités, mais l’entreprise ne tient pas ses promesses et refuse en outre de payer le traitement médical des enfants d’ouvrières intoxiqués pendant la grossesse de leurs mères.
En septembre 2004, les ouvriers mobilisés cherchent à présenter leurs plaintes aux autorités pékinoises. Ils se voient alors menacés par la direction de GP, soutenue par des autorités officielles du Gouvernement, de poursuites pénales. En août 2005, GP annonce la mise en place d’un fonds pour aider les ouvriers intoxiqués. Toutefois, ce fonds s’avère insuffisant et inadapté. Mal informés de la marche à suivre pour en bénéficier, seuls 4 % des 400 ouvriers intoxiqués ont accédé à ce fonds.
244 anciens travailleurs des usines GP restent aujourd’hui engagés dans une lutte pour réclamer leur indemnisation. Ils dénoncent les pratiques illégales et irresponsables de la direction de l’entreprise et ce malgré les manoeuvres d’intimidation et d’humiliation que Gold Peak met en Ĺ“uvre pour tenter de les faire taire.
L’indispensable solidarité internationale : l’action de Peuples Solidaires
Globalization Monitor, qui soutient, avec une coalition d’autres ONG, les victimes de GP à Hong Kong, a demandé en septembre 2006 un soutien de la part de Peuples Solidaires. Un appel a ainsi été lancé auprès des membres de Réseau-solidarité pour demander à GP de répondre de ses actes et d’indemniser ses anciens employés (voir Appel N°299). 1800 lettres de soutien ont été reçues.
Au début du mois de mars 2006, deux ex-ouvrières intoxiquées de GP et May Wong, responsable de Globalization Monitor, ont été invitées à Paris, grâce à la caisse de solidarité de Réseau solidarité. Cette délégation a pu témoigner lors de la journée internationale des femmes le 8 mars à la bourse de Saint-Denis et a rencontré différents acteurs concernés par cette affaire. Les résultats ont été positifs :
1) les syndicats français (la CFDT, la CGT et FO) se sont engagés à soutenir la campagne.
2) le dirigeant de CIPA, l’entreprise qui distribue les produits GP en France, a promis de faire part de ses préoccupations à la direction internationale de GP à Hong Kong.
Peuples Solidaires a également choisi, grâce à la caisse de solidarité de Réseau-solidarité, de soutenir financièrement la formation d’une ex-ouvrière pour qu’elle puisse continuer à suivre cette campagne, jusqu’à ce que GP accepte enfin d’assumer ses responsabilités.
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, China, Hong Kong
Defending Womens’ Rights in the Workplace in Developing Countries
Pour en savoir plus : Appel N°299 de Réseau-Solidarité, Chine : ouvriers intoxiqués au cadmium
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