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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Les jeunes dans un mouvement social local

Les Amis de Talas, en Finlande

Federico M. ROSSI

02 / 2005

L’expérience biographique-professionnelle

L’association pour la défense de l’environnement « Les Amis de Talas », en Finlande, a été créée afin de protéger une forêt ancienne située dans deux régions du centre du pays : Talaskangas et Sopenmäki (Järvikoski, 1995 : p. 7). Cet objectif, qui a donné sens à l’association a globalement été atteint. À la différence d’ATTAC (cf. la fiche L’engagement des jeunes au sein d’ATTAC Argentine), l’association est un mouvement local, de petite taille et informel. Comme dans le cas d’ATTAC Argentine, il s’agit d’un collectif composé aussi bien de jeunes que d’adultes.

Les jeunes qui ont décidé de rejoindre cette association l’ont fait car ils avaient une vision mondiale du sujet :

L’ensemble des militants interrogés considérait la surexploitation de la nature comme un très grave problème d’ordre mondial. Ils signalaient que les forêts de Finlande étaient en train de subir, elles aussi, une grave surexploitation, Talaskangas n’étant qu’un exemple (Järvikoski, 1995 : p. 7).

Cependant, comme l’affirme cet auteur, ces militants relient ce grave risque mondial à une réalité locale dont ils sont témoins – ils intègrent cette crise à leur analyse de l’état présent et futur de la planète. Ils pointent les risques que présente l’abatage des arbres dans les forêts situées au centre de leur pays. De nombreuses organisations sociales affichent un même principe : « vision mondiale, action locale ».

Au moment où Järvikoski a réalisé son étude (1995), le mouvement était principalement composé d’étudiants en biologie, en géographie et en arts. Tous ces étudiants habitaient Helsinki mais étaient d’origine rurale. Ce groupe représente environ la moitié des membres actifs (quelque 50 personnes) qui s’intègrent dans un collectif plus vaste rassemblant 500 membres ou « sympathisants » (Järvikoski, 1995 : p. 7). Dans ce mouvement, de même qu’au sein d’ATTAC, les réseaux étudiants (qui représentent pour un grand nombre de jeunes le principal espace de socialisation) agissent en tant qu’organisme de recrutement. L’auteur reconnaît également que la transmission familiale du militantisme est un élément très important parmi les membres du mouvement (Järvikoski, 1995 : p. 7, n. 3). L’importance de la transmission familiale de la participation politique a été reconnue par des études portant sur l’action bénévole (Wilson, 2000 : p. 218) et par d’autres encore abordant le sujet du militantisme au sein de groupes autonomes aux Etats-Unis (Aaron, 2004). Dans ce dernier travail de recherche on affirme même : « Cela prouve que loin de se rebeller contre leurs parents, les étudiants militants sont le fruit de la transmission générationnelle des comportements politiques » (Aaron, 2004 : p. 9).

Le local est aussi mondial : lien entre les risques mondiaux et l’expérience individuelle

La question pertinente serait alors celle-ci : si le risque de la destruction écologique est mondial, pourquoi l’entrée dans l’engagement de ces jeunes reste-t-elle donc locale ? Même si les risques mondiaux ou les conjonctures de crise comme la dégradation écologique peuvent représenter la cause macro de l’engagement, la lutte pour la défense d’une forêt en particulier peut s’expliquer par le besoin qu’éprouvent ces personnes d’influer un changement immédiat en Finlande. La crise touche en effet une existence présente et à venir. Ainsi, priorité est-elle accordée à l’action afin de transformer directement un espace de la vie quotidienne (dans un rapport de proximité). On fait prévaloir les luttes « immédiates » (Serna, 1998 : p. 47). Mais ceci n’est pas un élément explicatif suffisant. Le fait que ces jeunes se soient engagés est également lié à leurs parcours biographiques et à leurs perspectives d’avenir. Ils sont tous d’origine rurale. Ils sont issus de familles dans lesquelles leur éducation a valorisé l’amour et le respect de la nature (Järvikoski, 1995 : p. 7, n. 3). De plus, à l’exception des étudiants en arts, ils partagent tous un intérêt professionnel pour des sujets liés à la nature (l’auteur présente différentes explications sur l’importance de la nature, qu’il s’agisse d’un étudiant en biologie ou en arts). Dans le cas des Amis de Talas, tout comme dans celui d’ATTAC, le lien entre le parcours biographique-professionnel et l’évolution militante est très marqué et doit donc être pris en compte. Ce même lien apparaît à travers les réponses des jeunes dans le cadre des différents entretiens réalisés. Par exemple, une jeune personne du Liban explique son militantisme pour la paix au Moyen Orient en répondant à notre question : quels sont les outils qu’il utilise le plus fréquemment pour mener à bien son engagement politique ?

J’essaie d’être membre de plusieurs organisations et ONGs différentes à la fois : participer, organiser des réunions diverses, des conférences, des débats ainsi que des évènements pratiques. J’utilise ça en particulier car mon métier (avocate et professeur de droit à l’université (…) m’aident beaucoup à mener à bien ces activités (Zeina, entretien via Internet).

Nous pouvons même constater dans le cas des Amis de Talas que ces jeunes étudiants en biologie ou dans diverses disciplines liées aux sciences naturelles ont été les seuls à rester fidèles plusieurs années à leur engagement pour le mouvement. Et ce, même si l’organisation n’a cessé de s’élargir en devenant de plus en plus bureaucratique (Järvikoski, 1995 : p. 8). Cette dernière idée nous permet d’ajouter que le lien existant entre évolution biographique et professionnelle peut être déterminant pour la fidélité à l’organisation au fil du temps. Toujours est-il que la personne doit s’accomplir et la « cause ». L’organisation doit créer un partage simultané et réciproque, Il est possible d’établir ce constat à travers beaucoup d’autres cas analysés dans les fiches suivantes.

Key words

social sciences, sociology, young person, popular participation, social movement, environmental movement


, Finland

file

La jeunesse en mouvement : rapport de recherche sur les formes d’engagement politique des jeunes

Notes

Cette fiche existe aussi en espagnol : Los jóvenes en un movimiento social local : Amigos de Talas

Source

Aaron, P. (2004) One World US Special Report

Järvikoski, T. (1995) “Young People as Actors in the Environmental Movement”, Young Nordic Journal of Young Research, Vol. 3, Núm. 3, Helsinki.

Serna, L. (1998) “Globalización y participación juvenil. En búsqueda de elementos para la reflexión”, Revista Jóvenes, Año 2, Núm. 5, México DF.

Wilson, J. (2000) “Volunteering”, Annual Review of Sociology, Núm. 26, Washington.

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