1999
Le contexte
La Roumanie subit les conséquences de l’industrialisation forcée qui a déplacé des millions d’habitants des villages vers les villes après la seconde guerre mondiale.
Dans le contexte spécifique de la Roumanie, il ne s’agissait pas de sauvegarder les résidences des centres villes, mais de remplir les logements avec les nouveaux ouvriers et leurs familles, au total — d’après nos calculs — environ 9 à 10 millions de personnes.
Quelque 3 millions d’appartements de propriété étatique ont ainsi été loués à ceux qui étaient agréés par les autorités communistes, avec un loyer très bas, sans distinction selon le quartier, l’étage, etc..
Après la révolution de décembre 1989, le nouveau régime en place a décidé de se débarrasser de ces logements, qui n’ont jamais été entretenus. Les appartements, dans un état parfois proche de la ruine, ont rapidement été vendus aux locataires sous une vague menace de voir augmenter massivement les loyers. Aujourd’hui, plus de 95 % des locataires sont devenus propriétaires des appartements qu’ils occupaient depuis 1990.
Description du processus
Il ne s’agit pas d’une recherche scientifique, mais d’une accumulation de connaissances acquises pendant 8 ans de pratique en tant qu’ONG représentative des associations et les locataires.
Le nombre de personnes concernées ne peut être établi avec certitude. Nous l’estimons à plusieurs millions. Il s’agit des nouveaux propriétaires sur qui pèsent les préjudices quotidiens causés par la dégradation des logements. Ceux-ci, dans 2 ou 3 ans, seront inhabitables, ce qui veut dire que, dans un proche avenir, les habitants seront contraints d’assurer les frais des réparations sans être capables de payer.
Les locataires-propriétaires ne sont pas en mesure de lutter, car le seul moyen d’éviter la spirale serait d’obtenir des financements susceptibles de couvrir les coûts exorbitants des réparations. Or, aucune disponibilité financière ne semble envisagée dans cette perspective.
La chute du communisme a provoqué de profonds bouleversements dans le domaine du logement :
la privatisation des appartements construits par l’Etat ;
la passivité des pouvoirs publics centraux et locaux en ce qui concerne la construction de logements sociaux ;
une augmentation de la construction locative pour les nouveaux riches, pour les compagnies étrangères, les banques, etc. ;
l’élargissement du marché immobilier, sans législation précise du domaine qui, libéralisé, reste donc sauvage ;
un manque total d’intérêt de la part des milieux officiels et des banques pour financer les réparations dans des conditions acceptables pour les associations de locataires-propriétaires ;
des promesses d’assistance financière de la part de la Délégation de la Commission européenne à Bucarest ;
une proposition de la part de l’ancienne représentante de la Banque Mondiale en Roumanie, et de la Banque Européenne des Investissements, de mettre sur pied une institution qui puisse soutenir les réparations des logements. Cette proposition n’a à ce jour pas eu de suites.
Les habitants non affiliés à l’UNAL (1), en tant que masse non organisée, n’ont et ne peuvent avoir une Plate-forme spécifique. Il n’y a ni lutte ni stratégie pour rester sur place. Jusqu’à présent, seule la dégradation des logements est en mesure de faire bouger les choses, mais pas dans le sens souhaité : elle va les mettre à la rue pour cause d’insalubrité des habitations.
Quant à la participation des habitants au changement des politiques de rénovation et de planification urbaine, il semble s’avérer qu’elle soit inexistante.
La seule alternative, proposée seulement par l’UNAL, est celle de la création d’un institut européen de crédit qui pourrait assumer le financement des réparations, dont la valeur s’élève, selon nos estimations, à plusieurs millions d’ECUs. Cela pourrait représenter un nouveau marché — celui des réparations en bâtiment — et élargir l’utilisation de la main-d’oeuvre.
L’UNAL semble être la seule à se soucier de la dégradation des immeubles qui abritent les associations de locataires.
Les différents acteurs qui ont été interpellés à ce sujet donnent les réponses suivantes :
le gouvernement et les municipalités n’ont pas d’argent ;
les compagnies de construction refusent de s’engager dans des travaux de réparation, ne comprenant pas que cette activité pourrait être profitable pour tous ;
les organismes internationaux de soutien aux habitants n’ont pas été sollicités par l’UNAL.
Les programmes transnationaux n’ont aucune influence. La Banque Mondiale avait promis, il y a 4-5 ans, un crédit non remboursable à condition de créer l’organisme qui s’occuperait des réparations, mais l’UNAL n’a pas pu le créer.
Habitat 2 n’a rien apporté, puisque la Constitution roumaine ne reconnaît pas le droit au logement. Au niveau d’Habitat 1 et 2, tout a été joué par le Ministère des Travaux Publics ; les ONG n’ont pas été représentées.
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, Romania
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