Le débat sur l’environnement est bel et bien installé aux États-Unis
04 / 2006
En 2000, G.W. Bush avait refusé d’appliquer le protocole de Kyoto arguant que cette perspective serait mauvaise pour l’économie de son pays.
Pour autant et malgré des apparences trompeuses, la question environnementale est belle et bien aujourd’hui installée dans le débat politique étatsunien. En effet, de nombreux sénateurs et membres du congrès exigent désormais la mise en place d’une réelle politique environnementale, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et l’application du protocole de Kyoto. A l‘instar du républicain Chuck Hagel qui a proposé, il y a peu, une loi attribuant des aides étatiques aux entreprises investissant dans les technologies de réduction des émissions des gaz à effet de serre ; ou de deux sénateurs – l’un républicain, l’autre démocrate – qui travaillent, quant à eux, à l’instauration d’un système d’échange de permis à polluer sur la totalité des gaz à effet de serre.
Récemment, l’EPA, l’agence américaine de protection de l’environnement, s’est vue traduite en justice, douze Etats la sommant de prendre rapidement des mesures concernant la réduction des émissions des gaz à effet de serre.
Petit rappel :
L’EPA est l’agence instituée par le Clean Air Act en vue de sa bonne application
Le Clean Air Act est la loi qui instaure le marché des droits d’émission des polluants responsables des pluies acides, i.e le dioxyde de souffre.
L’EPA était censée mettre en place le même système pour le CO2, mais Georges W. Bush en a décidé autrement, en excluant ce gaz de la mesure.
Jugeant ce fait intolérable, ces douze Etats, auxquels se sont jointes les villes de Washington, de Baltimore et de New York ont porté plainte, en se fondant notamment sur la définition législative de l’EPA. Celle-ci est en effet conçue pour travailler à la réduction « des émissions de polluants qui menacent la santé et le bien-être publics et désigne le changement climatique comme l’une de ces menaces » (Philipp Clapp, président du National Environment Trust).
Outre cette action juridique, neuf Etats du Nord-Est se sont réunis pour instaurer dans les prochains mois le Regional Greenhouse Gas, qui institue des marchés de permis à polluer de CO2 aux centrales électriques.
A l’échelle des Etats et des villes maintenant, la Californie a par exemple adopté une loi imposant aux constructeurs automobiles de produire à partir de 2009 des véhicules émettant moins de polluant. Autre exemple, Worcester, ville du Massachusetts, restructure son parc énergétique afin qu’en 2010, 20% de son énergie utilisée soit «propre».
Dans l’industrie aussi on note une évolution. Ford a ainsi été sommée par ses actionnaires de prendre en compte dans son budget et ses politiques « les risques financiers induits par le réchauffement climatique » . L’entreprise a ainsi due dès le mois d’Avril réfléchir à la mise en place de politiques de réduction des émissions polluantes. Exxonmobil semble s’engager dans la même voie, ainsi que certaines compagnies productrices d’électricité.
pollution, environment, sustainable development
, United states
Économie, société et environnement : des éléments de réflexion pour une société durable
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KNICKERBOCKER Brad, Effet de serre l’autre Amérique, in Alternatives économique, juillet août n°238, p30.
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