Le système productif, ses implications en termes sociaux et institutionnels façonne les territoires. L’apparition ces dernières années d’une intensification de la concurrence a donc évidemment modifié les interactions sectorielles, territoriales ainsi que leurs modes de régulation.
Cette publication issue de la théorie de la régulation, s’insère dans une série d’articles s’interrogeant sur le type de capitalisme, de régulation, de régime de concurrence, auxquels nous devons aujourd’hui faire face.
L’analyse a pour point de départ le fordisme, son organisation du travail, ses économies d’échelle, sa consommation de masse… Ce régime de concurrence avec ses traditionnelles grandes firmes a conduit à une division spatiale du travail, structurant les dynamiques sectorielles et le territoire national au gré des spécialisations (textile, charbon, sidérurgie…), avec un Etat toujours présent : régulateur sectoriel (centralisant le rapport salarial) et régulateur géographique (tentant de remédier aux écarts entre régions ou du moins de ne pas les laisser croître). Mais, et ce n’est pas une nouveauté, le régime fordiste n’est plus. La structure productive se fonde désormais bien plus sur les services (notamment avec l’arrivée des NTCI : nouvelles technologies de l’information et de la communication) que sur l’industrie. La saturation des besoins primaires (au Nord) a impulsé une demande finale plus réactive et sensible à la différenciation des produits. De ces deux dynamiques résultent plusieurs mutations :
tout d’abord, la proximité géographique de certaines activités n’est plus une nécessité notamment grâce à un développement des services dits d’intermédiation (transport, télécommunication…) lui-même lié à celui des NTIC. Notons que, dans ce cadre, une concurrence entre les territoires apparaît par ailleurs ;
deuxièmement, le rapport salarial est bien plus qu’auparavant fondé sur le capital cognitif des salariés.
Les régulations sectorielles ont par conséquent évolué, celle de l’Etat étant désormais rendue obsolète, car ne situant plus à l’échelle réelle des concurrences. De plus, aujourd’hui, les entreprises n’agissent plus dans une logique de produit ou de secteur mais dans une logique de savoir, et le développement des « bouquets » de biens regroupant des compétences hétéroclites exige la conclusion d’accords inter-branches.
Une nouvelle régulation sectorielle est donc à définir, d’elle on sait encore peu de chose. Quant à la gestion des territoires, certaines réflexions seront inéluctables : en effet, il faudra, entre autre, trouver de nouvelles interventions institutionnelles capables d’envisager autre chose que la simple attractivité pour les entreprises, mais aussi cadrer et animer les dynamiques de réseaux et d’innovation, et enfin être capable de porter un développement durable et endogène.
regulation of international trade, markets regulation, commercial competition
Économie, société et environnement : des éléments de réflexion pour une société durable
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DUTERTE Christian, MOUHOUB El Mouhoub, MOATI Philippe, La lettre de la régulation n°33, juin 2000, secteurs et territoires dans les régulations émergentes.
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