La longueur de la durée des jachères forestières diminue de plus en plus dans les pays tropicaux : que peut-on faire pour compenser cette tendance ?
02 / 2005
Le système de rotation cultures vivrières - jachère forestière de longue durée est le système agricole le plus stable dans les tropiques humides. Sa stabilité est attribuée à la présence dans la jachère de végétaux ligneux à enracinement profond qui jouent un rôle essentiel pour la restauration de la fertilité du sol. Prenant comme exemple l´Amazonie, nous pouvons observer une séquence, cohérente et rationnelle (Dubois JCL, 1990), qui a comme point de départ l´archétype primordial de l´agriculture migratoire (agriculture itinérante) s´appuyant sur des jachères forestières de longue durée et pratiquement non aménagées (par ex., chez les indiens matsé) ou « légèrement » enrichies (indiens secoia), tandis que les communautés indigènes en voie de sédentarisation (indiens witoto et bora) modifient la composition botanique de leurs jachères en y plantant des palmiers et des arbres fruitiers. Dans le Bas Congo, les villages ruraux ont développé depuis des siècles une technique qui permet de créer des jachères forestières de longue durée en pleine savane : les n´kunku (Dubois JCL, 1986). Les n´kunku sont également utilisés comme lieu de cueillette d´autres produits d´intérêt local : champignons comestibles, plantes médicinales, bois de feu et de construction et, plus récemment, comme base pour l´apiculture. En fin de pèriode jachère, celle-ci est soumise à abattage et mise à feu, rendant possible une culture vivrière sur brûlis. Cependant, dans des régions à très forte pluviosité, comme par exemple le long du Rio Atrato en Colombie, le brûlis n´est pas possible et le système utilisé est d´« abattis et compostage naturel » (« slash and mulch » ), ce qui remplace le système plus généralement pratiqué : la culture sur abattis et brûlis (« slash and burn » ).
Du fait d´une augmentation excessive des populations rurales, les superficies cultivées annuellement s’accroissent et la période de jachère se raccourcit. En l´absence d´intrants externes, les terres cultivées se dégradent.
Le raccourcissement de la pèriode de jachère peut être compensé en favorisant, ou en y introduisant, des espèces forestières pionnières. Ces dernières ont la capacité d´accélérer la restauration de la fertilité naturelle de la terre. Il s´agit surtout d´arbustes ou d´arbres de la famille des légumineuses, capables de caper le nitrogène du sol, ou d´espèces d´autres familles accumulant de l´humus de bonne qualité.
Au Brésil, dans l´Etat du Para, un des centres de recherches agronomiques du gouvernement (Embrapa Amazônia Oriental, s.d.) et quelques communautés rurales (Wilke M., 2004) développent des techniques qui permettent de défricher des jachères de relativement courte durée et d’y pratiquer une agriculture sur abattis sans brûlis.
Sous l´impulsion du Réseau de Recherche sur l’Agriculture en Couloirs pour l´Afrique (AFNETA), un nombre croissant de petits fermiers africains ont adopté un système de production qui peut se substituer – du moins en partie - au système de jachère forestière : sont plantés des arbres et des arbustes à croissance rapide et à enracinement profond, qui forment des haies vives parallèles soumises à des élagages périodiques. Ces haies apportent alors les éléments nutritifs essentiels aux cultures intercalées (Dvorak, A.K., 1996).
traditional farming
, , Pays tropicaux
Systèmes agroforestiers : écologie et production
Les centres de recherche et les techniciens gouvernementaux et non-gouvernementaux de l´extension rurale investisssent de plus en plus d´efforts et de moyens financiers pour diversifier et consolider des solutions de rechange à l´agriculture itinérante sur brûlis dans les zones tropicales de densité démographique critique. Les recherches en cours et l´application de leurs résultats sur le terrain impliquent l´emploi d´espèces pérennes capables d´accélérer la récupération de bons niveaux de fertilité des sols cultivés. Il s´agit surtout de légumineuses (Inga spp.; Leucaena spp.; Sesbania spp.; etc.) et de non-légumineuses, parmi lesquelles le tournesol mexicain ou fleur-du-soleil (Titonia diversifolia).
DUBOIS J.C.L. 1986. Informaciones sobre sistemas agroforestales en uso en el Mayombe y Bajo Congo (Zaire). In: Taller Sistemas Agroforestales, CATIE, Turrialba, Costa Rica, p. 87-94
DUBOIS J.C.L. 1990. Secondary forests as a land-use resource in frontier zones of Amazonia. In: A.B. Anderson (ed.)- Alternatives to deforestation: steps toward sustainable use of the Amazon rain forest. Columbia University Press, p. 183-194.
DVORAK,A.K., 1996, Adoption potential of alley farming - Final Project Report, IIAT, Ibadan, Nigeria, 70 p. www.iita.org // iita@cgiar.org
EMBRAPA AMAZÔNIA ORIENTAL. No site www.cpatu.embrapa.br / seção P&D
RIPPIN M., HAGGAR J.P., KASS D.C.L. & KÖPKE U. 1994. Alley-cropping and mulching with Erythrina poeppigiana (Walp.)O.F. Cook and Gliricidia sepium (Jacq.) Walp.: effects on maize/weeds competition. Agroforestry Systems, - 25, p. 119-134.
WILKE M. (organizador), 2004. Projeto Roça sem Queimar: uma nova visão de manejo agroflorestal (experiência desenvolvida por 150 agricultores da região da Transamazônica e do Rio Xingu, no Pará). Brasília, DF. MMA/SCA - Coordenadoria de Agroextrativismo, 63 p.
Book ; Web site
REBRAF = Rede Brasileira Agroflorestal ((Institut Réseau Brésilien Agroforestier)) - Cx. P. 6501, cep. 20072-970 Rio de Janeiro, Brésil - Brazil - www.rebraf.org.br - info (@) rebraf.org.br